I. La carpe et la bague.
Mercredi 24 juin.
Il était six heures dix ce mercredi matin lorsque Alain Chomat, soixante dix ans bien sonnés, avait déballé son matériel de pêcheur confirmé sur la berge de l’étang de la Ronze près de Rivas, petite commune de la plaine du Forez en bord de Loire. Il l’avait fait comme tous les jours, comme toutes les semaines précédentes par une sorte d’habitude, sans enthousiasme, machinalement comme s’il n’y avait plus que ça qu’il puisse faire. Certes pêcher ne lui déplaisait pas du tout. Mais rien n’était plus pareil aux mois et années précédents quand Ginette son épouse l’accompagnait. Ils se livraient alors entre eux à une sorte de compétition stimulante. C’était à celui qui pêcherait la plus grosse carpe ! Et puis ils n’allaient « mouiller le bouchon », comme elle disait, que les week-ends.
Maintenant c’était tous les jours qu’il se levait aux aurores, il n’arrivait plus à dormir. Il commençait par déployer son fauteuil pliant de toile verte. Il ouvrait la mallette de plastique noire qui contenait tout le matériel utile. Il déballait la longue canne en blank carbone de quatre mètres de long. Il sortait alors le moulinet soigneusement emballé dans un chiffon doux et le fixait sur la canne, vérifiant plusieurs fois sa tenue. Puis il ajustait ses lunettes sur le bas de son nez et, patiemment, il passait le fil de nylon de trente-cinq centièmes au travers des anneaux. Comme chaque jour il devait s’y reprendre à plusieurs fois ! Jamais il n’avait pu réussir du premier coup l’alignement parfait des anneaux. A ce moment il s’asseyait quelques secondes, regardait l’eau verdâtre immobile et mystérieuse, aspirait une longue gorgée d’air embaumé, sortait une cigarette du paquet de la poche haute de sa veste, l’allumait et se délectait en expirant la fumée de cette première bouffée de nicotine de la journée. Ginette n’aurait pas aimé le voir agir ainsi, elle qui avait réussi à lui faire cesser de fumer !
Après deux ou trois bouffées, Alain Chomat sortait le plioir de la ligne qui se composait, après un émerillon, d’un bas en acier avec un gros hameçon de cinq et d’un plomb trilobe. Il s’assurait du bon montage au fil du moulinet et posait la canne à côté de son siège. Cela lui prenait toujours beaucoup de temps car il était gêné par la cigarette qui se consumait toute seule entre deux doigts. Il éteignait alors le mégot et le glissait dans une poche où il retrouvait ceux des jours précédents. Puis alors il déployait l’épuisette. On ne sait jamais, il vaut mieux l’avoir toujours à porter de main, on ignore quand le poisson va mordre ! Il rejoignait alors son pliant pour s’asseoir afin d’accrocher un ver à l’hameçon. Ce matin il avait acheté des vers, de gros vers, des vers canadiens puisque de nos jours on n’en trouve que rarement de cette taille dans nos prés. Ginette avait la nausée quand elle les voyait ! Mettre un ver sur un hameçon n’était pas chose aisée. Il faut que toute la partie métallique soit recouverte par l’appât tout en laissant la possibilité au ver de gigoter afin d’attirer l’attention du poisson. Alain était un expert de la pose des appâts. Il le faisait pour la canne de Ginette mais aussi pour celles de son fils Eric, de sa belle-fille Nathalie et de son petit-fils Laurent lorsque toute la famille l’accompagnait. Il trouvait bien qu’on abusait parfois de sa gentillesse !
Alors, et seulement à ce moment-là, la pêche pouvait commencer ! Debout, il donnait un mouvement de balancier à la canne tenue presqu’à l’horizontale, juste avec le poignet droit. De la main gauche il abaissait l’anse du panier du moulinet en même temps qu’il retenait le fil avec son index droit. Au troisième balancier il lâchait le fil et toute la ligne s’envolait au dessus de l’étang. Alain savait mesurer exactement la distance et un coup sur la manivelle au moment propice permettait à la ligne de toucher les eaux là où il l’avait décidé. Il posait la canne au sol et se préoccupait alors de planter le support pour la mettre à la calée ainsi que d’ajuster le swinger qui permettait de maintenir la ligne tendue ainsi que la petite clochette qu’il fixait en bout de scion. Ç’aurait été évidemment bien plus efficace si Alain l’avait fait avant de jeter la ligne, mais il ne s’était pas encore mis en tête la meilleure façon d’utiliser ce matériel nouveau et sophistiqué que son fils lui avait offert pour Noël ! Il ajustait la canne, vérifiait la tension du fil. Tout allait bien. Il pouvait s’asseoir et attendre. Il ne manquait pas de patience surtout depuis qu’il pêchait seul tous les jours. Il fallait tuer le temps, le regard fixé sur le bouchon détecteur de touche. Il vérifiait dans sa poche la présence d’un petit appareil photo numérique. S’il prenait un poisson, il le photographierait avant de le rejeter afin que personne ne doute de sa prise ! Alain était adepte du no kill ! Mais ce matin il ferait exception, il garderait le poisson. Eric lui avait demandé de ramener une carpe. Ainsi il pourrait montrer sa maîtrise culinaire en la faisant cuire en croute de sel. Il fallait donc qu’une carpe du Forez soit séduite par un ver canadien !
Alain Chomat hésita plusieurs fois à reprendre une cigarette. Et puis zut, Ginette n’était pas à côté de lui ! Il en alluma une nouvelle. Celle-ci, il la fumerait entière ! Sauf si une carpe venait soudain se suicider ! Non, pour le moment c’était le calme plat, aucun frémissement. Un geai passa au loin en cajolant, le bleu et le blanc de ses plumes jetant un trait de lumière au-dessus les eaux vertes. Le soleil commençait à poindre et le reflet des berges dans l’eau devenait de plus en plus net et lumineux. Il regardait toujours ce bouchon qui restait désespérément immobile. Le mégot rejoignit la poche-cendrier.
Alain Chomat soupira, s’étira, s’ébroua à la fois pour s’extirper de la langueur qui l’envahissait mais aussi pour tenter d’échapper aux idées qui revenaient dans sa tête à son insu. Elles concernaient essentiellement Laurent son petit-fils. Sa petite amie Nelly était une magnifique jeune fille, gracieuse et intelligente. Laurent en était follement amoureux et Nelly semblait bien lui rendre cet amour sincère. A vingt-quatre ans c’était le moment pour rencontrer l’amour. Ils formaient un beau couple. Nelly avait été accueillie à bras ouvert dans la famille, elle était devenue sa petite-fille en quelque sorte. Alors, quelle avait été la stupeur de Laurent et de Nelly, mais aussi d’Eric et Nathalie, son fils et sa belle-fille, lorsque solennellement il avait demandé, pour ainsi dire exigé, que Laurent ne rencontre pas la famille de Nelly ! Mais pourquoi ? Pourquoi un tel interdit posé sans explication ? Pourquoi cet ukase ? Il se rendait bien compte que cette demande restait incompréhensible pour sa famille. Il n’avait donné aucune raison. Or lui, il savait et il ne pouvait ni ne voulait expliquer les raisons de sa demande. Depuis ce temps tout le monde lui en voulait et se montrait plus distant. Il souffrait de ne pouvoir justifier son exigence qui restait ainsi totalement absurde à leurs yeux. Et ce satané bouchon qui ne bougeait pas d’un millimètre.
Ginette était bien sûr dans la confidence ! Lorsque, il y a quelques mois, Laurent leur avait présenté Nelly, Ginette luttait déjà contre la rechute d’un cancer du sein. Les révélations sur la famille de Nelly l’avaient accablée et son état s’était détérioré. Il avait fallu avoir recours à de la chimio plus intensive nécessitant des séjours hospitaliers, ce qui était le cas actuellement. La réaction psychosomatique n’était pas qu’une vue de l’esprit. Ginette l’avait éprouvé dans sa chair. Alain l’avait constaté dans son cœur. Et le bouchon ne frémissait toujours pas.
Alain Chomat se posait toujours les mêmes questions. N’était-ce pas se montrer trop sectaire, trop rancunier d’exiger que Laurent ne fréquente pas la famille de Nelly ? Après tout, des années s’étaient écoulées. Les descendants de l’arrière-grand-père de Nelly ne pouvaient être tenus responsables des actes de l’aïeul. C’était vrai, Alain en convenait. Mais il était bien placé pour savoir que dans la famille de Nelly continuaient à couver des idées monstrueuses qu’il jugeait inadmissibles, radicalement, définitivement. En se montrant si férocement intransigeant n’était-il pas en train de sacrifier le bonheur de son petit-fils ? Ne devrait-il pas révéler à sa famille le passé de cet arrière-grand-père ? Après tout, en poursuivant ses études de master en Patrimoine à l’université de Saint-Etienne et ses investigations sur la période de la seconde guerre mondiale, Nelly elle-même n’allait-elle pas tomber sur les documents compromettant et révélant les actes odieux commis par son ancêtre ? Quelle serait sa réaction ? Alain remuait tous ces problèmes dans sa tête le regard fixé sur l’étang. C’est à peine s’il aperçut au ras de l’eau la flèche bleue argentée du vol rapide d’un martin-pêcheur. Et ce bouchon qui restait imperturbable.
Cela faisait des mois qu’il « brogeait »(Broger : mot du parler stéphanois signifiant gamberger, broyer du noir.). Et de quoi se mêlait-il en fin de compte ? Laurent ne pouvait-il pas être heureux avec Nelly ? Fallait-il charger les frêles épaules de cette dernière des exactions commises par son arrière-grand-père ? Lui, il était prêt à céder, à tout révéler. Mais il était préférable de garder le secret tant que toutes les preuves ne seraient pas rassemblées. Et Ginette était de cet avis. Et Alain obéissait toujours à sa femme ! Il soupira profondément. La situation actuelle rendait toute sa famille malheureuse et inquiète. Lui aussi en était accablé. A cette angoisse s’ajoutait bien sûr l’inquiétude concernant l’état de santé de Ginette. Il soupira encore une fois. Comment faire pour ne plus y penser ? Et ce bouchon complètement inerte ! Un peu d’action lui aurait fait du bien pourtant.
Il se décida à glisser la main dans la poche pour retirer une autre cigarette. Il allait l’allumer quand le bouchon eut un soubresaut. Un rond commença à rider la surface de l’étang. Alain retrouva instantanément la vivacité des réflexes du pêcheur aguerri. Debout en un éclair il saisit la canne. Un deuxième soubresaut eut lieu suivi instantanément d’une plongée rapide. Il ferra. Ça y était, le poisson était pris ! Vu la courbure du scion il devait être d’un beau gabarit ! Le moulinet crissa. La bataille commençait. Suivre le poisson tout en restant maître du fil pour ne pas être entraîné vers des fonds herbeux où il s’accrocherait. Lâcher un peu de lest, juste ce qu’il fallait, le reprendre au moulinet en tirant un peu sur la canne avant de l’incliner à nouveau. Recommencer sans cesse centimètre par centimètre, en répétant le même geste gagner du terrain, ramener la bête vers le rivage. Petit à petit l’épuiser, lui maintenir la gueule hors de l’eau le plus souvent possible. Oui, c’était une carpe ! Une belle ! Une miroir ! Il devait se montrer patient pour gagner, ne pas faire de geste saccadé, tout en douceur et fermeté. Il s’écoula bien dix minutes dans ce combat avant qu’Alain puisse apercevoir la gueule mordorée de la carpe au bord de la rive. Elle était belle et grosse ! Il fallait faire attention à la dernière manœuvre délicate. Tenant la canne presque verticale de la main gauche, il se baissa et prit l’épuisette fermement en main droite. Il glissa lentement cette dernière sous la carpe qui restait tranquille la gueule hors de l’eau. Mais d’un coup de queue elle réussit à s’enfuir de la nasse qui tentait de la prendre. Il fallait reprendre le combat pendant de longues minutes. Ce n’est qu’à la troisième tentative que la carpe se trouva à l’intérieur de l’épuisette. Elle faisait son poids et Alain eut presque du mal à la ramener sur la berge.
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Te v’là ma belle ! dit-il à sa prise. T’es magnifique ! Ouais ! Tu fais bien dans les cinq six kilos !
Le poisson se débattait dans l’épuisette. Alain se pencha pour lui enlever l’hameçon de la gueule.
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Tu l’as bien avalé dis-donc !
Alain dut prendre un dégorgeoir afin d’enlever l’hameçon sans trop blesser le poisson, délicatement comme il avait l’habitude de le faire lors des séances no-kill.
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Pas de chance ma belle ! Je ne te remets pas à l’eau aujourd’hui ! T’es destinée à la casserole ! Je prendrai bien soin de toi ! Tu seras excellente à déguster !
Alain Chomat prit le temps d’allumer une dernière cigarette avant de plier tout le matériel. Comme d’habitude il avait oublié de se munir de sa bourriche.
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Tant pis ! dit-il encore à la carpe. De toute façon tu n’y serais pas rentrée !
Il prit la carpe avec les doigts sous une ouïe et regagna sa voiture exhibant sans le vouloir ainsi fièrement son trophée. Il se gara chez lui mais se rendit directement dans la maison voisine chez son fils. Seule Nathalie, sa belle-fille, s’y trouvait. Elle ne salua pas son entrée.
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Bonjour Nath. Tu as vu ? Ça a mordu ce matin. Je la ferais pour ce soir.
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D’accord. Mais ne la mettez pas sur la table comme ça. Ça pue ! lui répondit-elle sèchement. Nathalie s’obstinait à ne pas tutoyer son beau-père.
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Je la ferais en croûte de sel. Tu as du sel gros ? Presque trois ou quatre kilos vue la taille de la bête. Et des œufs ? Trois ou quatre pour faire la croûte avec les blancs et le sel.
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Non. Vous n’avez qu’à aller en acheter, répondit-elle durement.
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Oui, oui, j’irai. D’accord, j’irai. Je ne vais pas la vider de suite. Elle est encore vivante. C’est coriace une carpe. Si je la mettais dans la baignoire, elle nagerait à nouveau tu sais !
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C’est horrible ! Pauvre bête ! fit Nathalie en haussant les épaules.
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Bon, je la préparerai chez moi. Ne t’inquiète de rien.
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Ça sera mieux ainsi, lança-t-elle froidement. Au fait, vous avez des nouvelles fraîches de l’hôpital ? Vous avez téléphonez ce matin ?
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Non. Et vous ?
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C’est d’abord à vous de prendre des nouvelles de ma belle-mère, non ? rétorqua Nathalie impitoyable.
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Laurent et Nelly seront-ils là pour manger ce soir ?
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Oui. Bien sûr.
Alain Chomat regagna dépité sa maison. Décidément sa belle-fille lui battait froid et refusait de discuter avec lui gaiement comme elle le faisait auparavant, avant qu’il n’émette cet ukase imbécile : interdire la visite de la famille de Nelly !
Alain grignota plutôt qu’il ne mangea à midi. Un peu de pâté de campagne, une tranche de conté, un verre de vin rouge et ce fut tout. Il téléphona à Ginette qui lui assura se sentir mieux. Elle lui annonça qu’elle sortirait dans deux jours. Il fut rassuré. Il fit alors une courte sieste puis alla acheter les produits nécessaires à sa recette. Une journée insignifiante, une journée de retraité.
Vers dix-huit heures il se mit au travail. Il écaillait la carpe dans une grande bassine d’eau quand il vit son fils Eric rentrer chez lui.
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Alors papa, tu as fait une bonne pêche à ce qu’il paraît ? demanda ce dernier.
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Eh bien oui ! Tu vois c’est une grosse qui a mordu. Il y en aura assez pour tout le monde. On va se régaler tu verras ! Et toi, ça c’est bien passé ta journée ?
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Oui, rien de particulier à signaler. On arrive à la fin de l’année universitaire, c’est plutôt cool.
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Oui, mais il y a les examens, les copies à corriger. Tout ça ce n’est pas folichon !
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Et oui, mais l’évaluation est un mal nécessaire, non ? dit philosophiquement Eric, professeur de mécanique à l’IUT de Saint-Etienne ( IUT = Institut Universitaire de Technologie.), en regardant son père planter un ciseau dans le ventre de la carpe.
Alain glissa la main dans les entrailles du poisson et en retira un fatras sanguinolent de boyaux, foie, vessies natatoires. Il sentit un objet dur sous ses doigts. Il le sortit de la ventraille étalée et l’essuya un peu.
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Tiens, une bague ! Une carpe baguée ? C’est étrange, non ? remarqua Eric.
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Plutôt étrange comme endroit pour trouver une bague en effet, répondit le père. C’est pas ce genre de bague que mettent les associations halieutiques !
Le père se leva. Eric l’entendit faire couler l’eau de l’évier. Au bout de longues secondes Alain Chomat réapparut tenant la bague propre entre deux doigts au bout de son bras ballant. Eric remarqua de suite la blancheur extrême du visage de son père.
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Qu’est-ce qu’il y a papa ? demanda-t-il. Quelque chose ne va pas ? Tu ne te sens pas bien ? C’est la bague ?
Alain Chomat sembla sortir d’un rêve. Il se secoua, regarda la bague et la glissa dans une poche de son pantalon.
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Non, non, ça va ! dit-il d’une voix terne et sourde.
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Tu en es sûr ? reprit le fils.
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Oui, oui. Ça doit être l’odeur et la vue des entrailles qui m’ont gêné cette fois.
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T’en es sûr ? Tu es pourtant moins sensible que maman pour ça !
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Oui. Tout va bien. Rentre chez toi. Je la fais cuire ici. Dans une heure et quart ça sera prêt. A propos, ta mère sort de l’hôpital dans deux jours.
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Très bien alors.
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A tout à l’heure. On cassera la croûte, la croûte de sel ! dit encore le père en esquissant un sourire timide.
C’est sur une grande lèchefrite qu’Alain amena triomphalement le résultat de sa cuisson. Ça sentait bon le thym, l’échalote et le citron. C’est à lui que revint l’honneur de casser la croûte et de faire apparaître la peau marron grise de la carpe qui s’enleva sans effort. Alain préleva méticuleusement les filets. Le mélange d’oseille, thym et échalotes dont il avait farci le poisson exhalait une délicieuse odeur.
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Bravo papy ! Tu es fin pêcheur et aussi fin cuisinier ! dit Laurent.
Tout le monde sembla apprécier le repas. Alain avait la tête ailleurs. Il ne porta aucune attention à ce qu’il mangeait. Tout le monde remarqua sa fatigue.
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Ça va pas fort ce soir ! Tu devrais aller te reposer, lui conseilla Laurent.
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Oui, depuis que tu as découvert cette bague dans le ventre de la carpe, on dirait que tu es contrarié, dit Eric.
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Mais non, ça n’a rien à voir. Un peu fatigué c’est tout. Je manque de sommeil c’est tout, affirma Alain qui néanmoins prit très vite congé de la famille après le repas.
Lui, Alain, savait. Il avait reconnu la bague. Il sentait confusément que sa famille courait un grand danger. Mais quel danger ? Qui serait visé ? Il l’ignorait. Il devait aller trouver la police, de ça il en était convaincu. Il dormit très mal, hanté par des images confuses du film « Nuit et Brouillard » d’Alain Resnais accompagnées des paroles de Jean Ferrat « Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers … » et entrecoupées de photos de Nelly le visage en pleurs.